Dans les articles précédents, nous avons vu à quel point les Bandes Dessinées d’origine japonaise avaient conquis le monde entier, en partant de l’Asie, en passant par les pays pourvoyeurs de styles de BD Concurrentes, jusqu’à chez nous en Afrique. Nous vous avons annoncé qu’une véritable passion pour le Manga se développe dans le pays réputé pour être mordu de foot, le pays de Samuel Eto’o: Notre cher et beau Cameroun.

Découvrez enfin comment cette passion se manifeste auprès des camerounais.

Comment se manifeste la passion des Camerounais pour le Manga ?

Dans le pays d’Eto’o fils, on aime le foot. C’est presque de la totologie, mais les Camerounais l’aiment vraiment, sous toutes ses formes (On parle de la majorité hein, on vous connait vous les êtres d’exception). On regarde les Match à la TV, On se déplace au stade, on débat sans fin, Samuel Eto’o est une institution. Bref, on aime le foot. Eh bien à côté du foot, on aime aussi le Manga et cet amour se manifeste de plusieurs façons.

Par la création de Mangas

  Le Cameroun fût un des premiers pays d’Afrique subsaharienne à lancer une revue spécialisée en Mangas. En effet, C’est en décembre 2014 que Brice Ludovic Bindzi  lance Afro shonen, une revue de 120 pages dédiée au Manga. Edité par New Era Publishers, la revue sera diffusée à 1000 exemplaires au prix de XAF 1000.

Ce premier tome mettra en exergue des histoires telles que : Lovely secret (Oui….un shojo. On pardonne.), le merveilleux Genoman, Shadow Hunter, et Ndjangui man, the first hero. Dans cette revue, B.L Bindzi entend propager des valeurs d’égalité et de paix entre les peuples. Sa ligne éditoriale est axée sur la lutte contre les stéréotypes qui veulent que les Africains ne soient cantonnés qu’à des histoires africaines. « Cependant, la majorité de nos personnages centraux sont des Noirs. Notre style est hybride, car inspiré de plusieurs influences » déclare-t-il pour parler de sa revue.

source: Manga Africa

A coté du magazine Afro-shonen, il existe le célèbre magazine Bikangas. Bikangas est un magazine édité par Kamaloontoons, Spécialisée dans l’édition du livre et le développement des produits et programmes de divertissement. En 2020, ils ont vendus 396 magazines et en 2021, ils en sont à leur 11e année d’existence. C’est une revue culturelle des bandes dessinées Africaines qui  compte une cinquantaine de publications et une centaine d’auteurs qui y ont publié leurs œuvres.

Parmi lesdites œuvres, on compte les BD d’inspiration Mangas : Njete fa et Mulema de Maitre Show, Megeum : les 12 portes de Otili caen, Ivu man de Martini Ngola, TSSST de théodore ekane, entre autres. Le magazine se vend dans les librairies nationales au prix de XAF 2500.

Un autre exemple est 3AG édition, crée par Aurélien Atemkeng Azankang et basé à Douala, qui produit en majorité des BD avec le style Manga. Actuellement, ils en sont à 5 magazines intitulés 3AG Magazine.

Enfin, Le collectif Touanga constitué d’artistes dessinateurs et scénaristes de BD entendent rendre un véritable honneur à nous autres, africains, en proposant une alternative au Manga “classique”. Ils disent utiliser les codes du Manga mais uniquement au niveau de la forme car le fond serait essentiellement destiné au patrimoine culturel multiséculaire africain (Ahhh la fierté des origines de ça !!!). Leur œuvre phare est Neterou, des artistes Kemet Zanga et Jiraya Bitjick aka NANO (Les pur.e.s Otaku ont surement reconnu le sobriquet).

Le taux de production des bandes dessinées de style Manga est de plus en plus grandissant grâce à la création de ces maisons d’édition et collectifs plus ou moins spécialisées.

Cependant, il est important de relever que cette production n’est pas uniquement due à la passion. Il est aussi un avantage économique à faire du Manga.

En effet, pendant longtemps, le développement de la BD  en Afrique a été limité par les frais importants qu’entrainait l’édition d’albums calqués sur le modèle occidental (couverture rigide, pages en couleur…). Or, faire du Manga permet de s’auto-éditer ou de se faire éditer à moindre frais (couverture souple, impression en noir et blanc, petit format, etc.). Pour les auteurs et jeunes éditeurs, il est donc un moyen d’éditer à faibles coûts en touchant un large public.

source: pinterest

Par l’organisation d’événements liés au Manga

De nos jours, il existe une pléthore d’évènements et d’activités liés au Manga qui sont organisés au Cameroun.

Nous remarquons une montée en puissance des activités autour du manga :

  • La Nîmes party : événement ludique annuel qui depuis 2013, regroupe les fans de la pop culture et de la BD en générale mais des Mangas en particulier. Elle se déroule sur une journée entière avec plusieurs activités telles que les quizz, les ateliers d’apprentissages ; des cosplays, des karaokés et bien d’autres…
  • Les Expo/Ventes : Organisées par des boutiques spécialisées dans la vente d’articles pour les Otaku et les Geeks. Ils s’assurent également de marquer leur présence à tous les événements du genre. Les plus connues aux Cameroun sont : Kmer Chan, et Otakutique.
  • Les conventions de cosplay : Il s’agit d’un loisir consistant pour une personne, très souvent fan, d’incarner un personnage de pop culture de son choix (costume, coupe de cheveux, façon de faire). Au Cameroun ce mouvement est très en vogue auprès des jeunes fans, qui se démènent tant bien que mal pour incarner leurs personnages favoris. L’accès aux costumes n’étant pas toujours évident, ces derniers ne se démontent pas et prouvent qu’ils sont vraiment des fans en arrangeant eux même ou chez les couturiers, les pièces de leurs costumes. La toute première la première Convention entièrement dédiée au cosplay au Cameroun, a eu lieu le 26 septembre 2020 à Yaoundé au Bois Sainte-Anastasie par le collectif Cosplayland237.
  • Les soirées Karaoke: Mot d’origine japonaise justement, il s’agit de soirées durant lesquelles des personnes chantent sur des instrumentaux de chansons populaires en lisant les paroles affichées sur un écran. Ces soirées sont très popularisées par les Otaku Camerounais qui passent par cette activité pour interpréter les génériques de leurs dessins animés préférés.

Les soirées grand public de ce genre, les plus populaires au Cameroun sont les OTAKU NIGHT. Organisées par les mêmes qui organisent la Nimes party (eh oui, ils sont vraiment à fond), il s’agit de soirées organisées dans des lieux différents (généralement des restaurant et autres Bar Lounge) dont le prix d’entrée abordable permet à beaucoup de fans de s’y retrouver. En Mars 2020, était organisée la 6e édition de cet évènement.

Il existe également une plateforme virtuelle qui entend regrouper les cosplayers du Cameroun. Son nom est Cosplayers of Cameroon Official.

En dehors de Cosplayland 237, il existe des passionnés qui se “cosplayent” sans appartenir à aucun groupe.

Par ailleurs, des groupes otaku (qui sont pour beaucoup d’entre eux membres des collectifs suscités) voient de plus en plus le jour au Cameroun. C’est ainsi que nous avons par exemple : Japanimes.

Japanimes est, à la base, un groupe Facebook Crée le 13 Juillet 2011 et comptant à ce jour plus de Sept milles abonnés. On ne peut pas dire que ce soient essentiellement des abonnés Camerounais étant donné que c’est un réseau social, qui est donc ouvert sur le monde, mais la majorité des membres actifs est de nationalité Camerounaise. Le groupe n’est pas essentiellement virtuel puisqu’il agit dans la vie réelle en organisant des événements et en participant activement à bon nombres d’activités liées à la culture Otaku au Cameroun. En effet, depuis quelques années, Japanimes s’est mué en une association officiellement reconnue regroupant des Otaku-geeks et cinéphiles. L’association et le groupe Facebook permet l’échange entre amateurs et professionnels, désireux de partager leur passion.

En dehors de Japanimes, il existe également d’autres groupes Camerounais présents sur les réseaux sociaux et regroupant les fans de Manga: Afro-otaku, Manga Shonen, Manga 100 etc.

En définitive, le Cameroun est une nation de football. Ceci n’est pas une nouvelle. Mais le Cameroun est désormais aussi une terre du Manga. Considéré comme marginal il y’a encore quelques années, le Manga continue de créer de l’engouement et susciter des vocations. Avec un marché de la BD en pleine évolution, le Manga a donc de très beaux jours au pays de Samuel Eto’o.

Voilà, nous espérons que vous en avez appris sur le Manga, et surtout sur le Manga au Cameroun. Découvrez, ou alors continuez à découvrir le Manga.

Nous vous invitons d’ailleurs à découvrir l’hilarant TSSST! CHAPITRE 2 FEU SUR LES PANTHERES du talentueux Théodore Ekane; Et le magazine 3AG , œuvre composée de trois histoires produites par des jeunes Camerounais au style Manga.

La BD c’est la vie, tel est notre nindo!

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